Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/231

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En cet instant le roi entra ; il devina, à l’émotion peinte sur Les traits de madame de la Tournelle, ce dont le duc lui parlait ; elle vinl à lui :

— Tant de générosité pour ma jeune sœur, Sire, m’autorise à supplier Votre Majesté de penser au sort de sa tutrice.

À cette requête, M. de Meuse montra un vif étonnement ; mais le roi, qu’un sentiment élevé ne pouvait surprendre de la part de madame de la Tournelle, répondit :

— C’est à vous de fixer ce que je dois faire pour elle, je signe aveuglément.

l’eu de jours après, madame de Mailly toucha une année du revenu que le roi venait de lui assurer : elle a joui de cette rente de quarante mille livres jusqu’à la lin de sa vie.



XLIV

LE NOUVEAU RÈGNE


Grâce à la munificence du roi, le mariage de mademoiselle de Monteravel fut très-brillant. On savait faire sa cour en y venant, car madame de la Tournelle en devait faire les honneurs, ce qui empêcha la comtesse de Mailly d’y assister. La présentation de la duchesse de Lauraguais eut lieu dans la même semaine. Cette démarche, si pénible en idée, fut moins désagréable que ne le craignait madame de la Tournelle. Le roi avait eu à ce sujet un entretien avec la reine, où l’on croit que, lui ayant rappelé le sacrifice qu’elle même avait exigé, il lui avait prouvé qu’elle ne pouvait pas, sans être injuste, se montrer malveillante pour la femme qu’il aimait ; surtout quand cette femme, pénétrée de respect pour le rang, les vertus de la reine, lui était attachée par la reconnaissance. D’ailleurs il avait ajouté :

— Pourquoi seriez-vous moins indulgente pour elle que pour madame de Mailly ?

— Ah ! Sire, vous n’aimiez pas celle-ci, avait répondu la reine.

Il résulta de cet entretien que, trop bien convaincue de la