Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/236

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si longtemps, et qu’elle eut le bonheur de voir s’accomplir.

Il était impossible qu’un crédit si noblement employé ne s’accrût pas chaque jour davantage, et ne donnât pas au roi le désir de récompenser tant de soins pour sa gloire.

Madame de la Tournelle écrivait aussi dans ce temps au duc de Richelieu :

« J’ai grand besoin de vous pour me conduire dans ces moments épineux. C’est un désir bien difficile à satisfaire que celui de vouloir faire quelque bien. Tout le monde veut avoir raison ; chacun crie que c’est lui qui fait le mieux : lequel croire ? On se plaint que les affaires ne sont traitées au conseil que pour la forme ; que le roi a eu sa leçon faite d’avance par le secrétaire d’État du département, lequel a soin de se faire des amis pour amener la réussite de son opération. Le roi, prévenu et ne pouvant pas approuver tout, signe ce qu’il croit être pour le mieux. Nous nous concerterons là-dessus ; car je vois que vous vous intéressez véritablement à la gloire du roi, et vous savez que c’est ma folie de vouloir qu’il soit ce qu’il peut être ! Mais il y a bien des choses à refaire et peut-être des gens à refondre[1]. »

Le renvoi de M. de Maurepas, sans cesse offert par le roi à madame de la Tournelle, et jamais accepté, ne lui faisait point trouver grâce auprès de ce ministre et de sa femme. Toujours passionnés contre elle, ils cherchaient quels obstacles ils pourraient apporter à son élévation au rang de duchesse.

Le roi ménageait dans M. de Maurepas un ministre qui lui rendait le travail facile ; mais il voulait être obéi, et, malgré les oppositions suscitées par le ministre, et les intrigues de sa femme pour faire traîner en longueur l’arrêt concernant les lettres patentes du duché de Châteauroux en faveur de madame de la Tournelle, le roi persistait dans son projet.

Pour terminer cette affaire, il fallait réunir d’abord, selon l’usage, des rentes proportionnées à la dignité. Il fallait un enregistrement des lettres patentes au parlement. M. de Maurepas, stimulé par sa femme, ne cessait

  1. Correspondance de madame de la Tournelle.