Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/280

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officiers qui s’étaient distingués pendant ce long siége ; on vantait surtout le courage du prince de Soubise, qui, ayant eu le bras cassé par une pierre en montant à la tranchée, s’était fait porter en cet état sur tous les points où sa présence était nécessaire[1].

Chaque dépêche contenait un nouveau trait de bonté, de présence d’esprit, d’intrépidité de la part du roi. En vain ses généraux le suppliaient de moins exposer sa personne, il redoublait d’ardeur pour terminer le siège, voulant, disait-il, finir glorieusement cette campagne, et revenir à Paris plus digne des sentiments que les Parisiens lui avaient témoignés lors de sa maladie.

Le duc de Richelieu tenait madame de Châteauroux au courant de tous ces événements ; il lui parlait des soins du roi pour le prince de Soubise, qu’il allait voir panser tous les jours, et combien cette preuve de sensibilité le faisait adorer de l’armée et des chefs ; toujours pénétré de l’idée que les sentiments du roi pour elle étaient comprimés et non éteints, le duc lui en donnait pour preuve les vives remontrances que le duc de Châtillon venait de recevoir de Louis XV, à propos d’une lettre de madame de Châtillon à la reine d’Espagne, qui instruisait cette princesse de ce qui s’était passé à Metz, et cela dans les termes les plus injurieux pour la duchesse de Châteauroux. « Je sais à n’en pas douter, ajoutait le duc, toutes les démarches que le roi à fait faire à M. de Vauréal, notre ambassadeur, pour avoir un double de cette lettre et en connaître Fauteur ; j’ai remarqué, en dépit de son aptitude à surmonter ses impressions, qu’il éprouvait un vif ressentiment de l’injure que

    glorieuse vie, l’exemple des talents, de la bravoure d’un commandant d’armes unis aux qualités les plus douces d’un homme aimable, au mérite d’un bon administrateur ; les institutions fondées par lui en Roussillon, pendant son commandement, font encore bénir sa mémoire. Il avait épousé dans un âge avancé mademoiselle Narbonne Poulet, digne par son ancien nom de s’allier au nom illustre des Mailly, et non moins digne par son noble caractère de s’unir à un des hommes les plus distingués de son siècle ; on sait avec quel dévouement elle a partagé sa captivité. Le respect dû aux sentiments modestes de madame la maréchale de Mailly nous oblige à taire tout ce que nous pourrions ajouter à cet éloge.

  1. Voltaire. Richelieu. Lacretelle.