Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/321

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recueillement. Les personnes qui se trouvaient dans le premier salon, les gens de la maison qui avaient suivi le curé de Saint-Sulpice, se prosternèrent à l’exemple de madame de Flavacourt, et se mirent a prier pour attirer la miséricorde du ciel sur la pauvre pécheresse : c’était un tacle touchant. Le curé lui-même en éprouva une sainte émotion et bénit au nom du ciel la ferveur de cette prière unanime.

— Priez, mais ne pleurez plus, dit-il d’un ton simple et pourtant solennel, car elle est maintenant digne du pardon de Notre-Seigneur, et la miséricorde de Dieu est infinie ! Vernage, qui s’était discrètement éloigné à l’arrivée de M. Languet de Gerzi, revint près de la malade : il ordonna une quatrième saignée, espérant par là détourner le sang qui se portait au cerveau : mais ce violent remède ne fut d’aucun secours contre le retour des convulsions.

Dans les moments où elle reprenait ses esprits, madame de Châteauroux exigeait qu’on trompât le roi sur son état ; pour être [dus certaine d’être obéie sur ce point, elle avait fait entrer dans sa chambre l’un des courriers qui venaient de Versailles, d’heure en heure, et lui avait recommandé de dire au roi qu’elle allait beaucoup mieux, et que c’était elle-même qui l’en avait assuré.

Elle employait à écrire les courts moments où ses douleurs aiguës la laissaient respirer. Mademoiselle Hébert, la voyant ainsi épuiser le peu de forces qui lui restaient, demanda tout lias au médecin s’il ne fallait pas s’opposer à ce qu’elle se fatiguât de cette manière ?

— Ne la contrarions pas, avait-il répondu, c’est inutile.

Et mademoiselle Hébert, comprenant trop bien cette condescendance, cacha son visage eu larmes derrière les rideaux qui voilaient le jour d’une des fenêtres.

M. Duverney fut encore rappelé par madame de Châteauroux ; elle lui remit le testament qu’elle avait fait deux mois après son retour de Metz, lorsqu’elle pensait, avec trop de raison, ne pouvoir survivre à son chagrin. Ce testament était en faveur de la duchesse de Lauraguais ; elle lui léguait toute sa fortune en reconnaissance de l’asile et des soins qu’elle eu avait reçus, sauf deux contrats de renies, dont l’un était destiné au chevalier de Mailly. l’autre à mademoiselle Hébert ; plusieurs pensions allouées à ses