Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/67

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— Je ne mérite pas tant de reconnaissance, dit-elle, le roi pouvait seul être aussi généreux. Ah ! gardes ton vœux, bénédictions pour lui !

Cette prière adressée par madame de la Tournelle, d’un accent pénétré, la joie délirante de cette mère, les pleurs, le sourire de son enfant qui semblait partager les sensations de chacun, sans Heu comprendre ans sentiments qui les exaltaient, enfin tout rendait ce tableau si touchant, que M. de Richelieu en fut vivement attendri, et que madame de Tencin se crut obligée de porter son mouchoir à ses yeux pour faire croire qu’il s’y trouvait une larme.

— Convenez, dit-elle tout bas en se levant à madame de la Tournelle, qu’il y a bien du charme à causer de semblables joies !



XIII

L’AVEU


Dès que madame de Tencin fut partie, M. de Richelieu s’empressa de dire à madame de la Tournelle :

— Si vous ne voulez pas être accablée de visites aujourd’hui, croyez-moi, faites défendre votre porte.

— Et pourquoi cela, je vous prie ?

— Parce qu’on vous croit au comble de la faveur, et que chacun s’empressera de venir faire sa cour. Ah ! nous ne sommes pas dissimulés dans ce pays-ci, malgré tout ce qu’on débite sur notre talent de feindre.

— Vous voulez plaisanter, dit madame de la Tournelle. déjà plus d’à moitié persuadée.

— Non : je vous affirme que, si cette précaution, avant un quart d’heure votre porte sera assaillie. La visite si matinale de madame de Tencin vous en donne l’assurance. C’est le thermomètre du crédit ; chacun de ses pas en montre les degrés ; rien de si utile que ces sortes de personnes ; sans elles, ou ne saurait jamais bien à quoi s’en tenir sur sa véritable position. Quand je reste quelque