Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/70

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— À M. Duverney : je le prie du passer chez moi.

— Je comprends, vous voulez aller au château de Plaisance ? Cela n’est pas mal imaginé ; la famille de Chavigny, les Mirepoix, les Brancas y sont en ce moment ; vous pourrez encore y jouir de quelques beaux jours d’automne. D’ailleurs, c’est un des endroits où l’on peut le mieux braver le froid et la pluie. Il y a des serres si admirables ! on peut s’y promener comme dans un parc. C’est une idée excellente. Donnez-moi ce billet, je pars à l’instant pour Paris, il sera chez Duverney dans une heure. Comme je le verrai sans doute ce soir à l’Opéra, je le presserai de se rendre à vos ordres. Au fait, je crois que vous avez raison, votre éloignement de Versailles mettra fin à toutes les criailleries des Maurepas et autres… et puis, ajouta-t-il en souriant, il faut bien savoir si le roi est aussi amoureux qu’il le dit.



XIV

PRUDENCE


M. Duverney, instruit de ce qui se passait à Versailles, s’empressa de se rendre aux désirs de madame de la Tournelle. Il savait trop bien ce qu’un service rendu dans une pareille occasion pouvait lui rapporter un jour ; et d’ailleurs l’expérience a prouvé depuis qu’il avait un sincère attachement pour elle.

Lorsqu’elle lui fit part du projet qu’elle avait d’aller passer quelque temps chez lui au château de Plaisance, pendant que M. de Chavigny, son vieil ami, mesdames de Brancas et de Mirepoix, y étaient encore, il répondit qu’il en serait fort honoré. Mais, ajouta-t-il, mon intérêt personnel doit m’empêcher de vous faire, à ce sujet, toutes les représentations que je crois raisonnables. D’après le bruit qui court, et dont Paris s’occupe déjà presque autant que Versailles, vous ne pouvez abandonner la partie sans risquer de la perdre ; à peine serez-vous loin d’ici, que madame de Toulouse intriguera de nouveau près du roi pour son amie, madame de