Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

verney, qui vint offrir sa main à La duchesse de Boufflers pour la conduire dans la salle où le souper les attendait[1].

— C’est trop juste, dit tout bas Le comte de Noailles à madame de la Tournelle, en lui faisant remarquer la préférence accordée par le maître de la maison à madame de Boufflers ; en effet, elle adroit aux honneurs : c’est une supériorité dans son genre.



XVII

UNE SURPRISE


Le souper fut très-animé, chacun voulut y faire preuve d’esprit : excepté madame de la Tournelle, toutes les femmes y tirent des prodiges de coquetterie ; le comte de Noailles, placé près d’elle, profita du bruit que faisaient tant de voix réunies, tant d’éclats de gaieté, pour lui parler du duc d’Agenois.

— Eh bien, ce malheureux ami va donc enfin respirer, dit-il : on prétend qu’à force de prières, de soupirs, d’adorations, il est parvenu à vous décider en sa faveur. Prenez, je vous en conjure, quelque ménagement pour lui apprendre cette bonne nouvelle, car il serait capable d’en mourir de joie.

— Ce danger n’est pas à craindre.

— Non, d’honneur, je ne plaisante pas ; il vous aime d’une manière si extravagante, que je crois prudent de lui écrire d’abord que vous l’aimez un peu, puis beaucoup, passionnément…

— Et pas du tout, interrompit en riant madame de la Tournelle.

— Ah ! ce serait une ingratitude monstrueuse et qui confirmerait tous les soupçons qu’on veut me donner sur certain sentiment… Mais alors pourquoi venir ici ? pourquoi quitter Versailles ?… Répondez sans crainte, tout indiscrètes

  1. La duchesse de Boufflers, née Villeroi, épousa en secondes noces le duc de Luxembourg.