Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/130

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— Non, ce n’est pas mon avis, répondit vivement Adalbert, ce serait risquer de ne jamais savoir la vérité ; car il n’est pas de femme assez patiente pour se laisser ordonner même ce qu’elle veut faire, à plus forte raison ce qui la contrarie. Cela peut tout au plus se tenter quand on règne, mais quand on aspire il faut souffrir pour arriver. Avant de compromettre l’autorité que tu n’as pas encore, en exigeant le renvoi de ce bel intendant, il faut t’assurer de ses droits à ta colère.

— Quant à cela, je les crois trop fondés, car si je n’ai que des soupçons sur la manière dont son amour est accueilli, je sais très-bien à quoi m’en tenir sur sa passion et ses désirs ambitieux.

— Que t’importent ses soupirs, tu n’as pas la prétention d’empêcher une jolie femme de se laisser aimer sans qu’il lui en coûte rien. L’important est de voir, par tes propres yeux, l’effet de ce double servage sur madame des Bruyères, dit Adalbert en hésitant comme si ce nom lui était désagréable à prononcer, et tu ne peux t’éclairer sur ce fait, qu’en tolérant la présence de ce Fresneval, et même qu’en faisant naître des occasions de le rencontrer. Tu as déjà commis une grande faute en lui sauvant, par ta fureur jalouse, l’embarras d’une déclaration qu’il n’aurait sans doute