Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/131

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jamais osé risquer ; mais le mal est fait, il faut s’en servir pour persuader à la comtesse le peu d’importance que tu attaches à cette adoration domestique, et lui demander pardon d’avoir pu la soupçonner un instant d’y répondre autrement que par l’indulgence qu’on doit à la folie, et la protection qu’on doit aux malheureux que leur naissance et leur pauvreté mettent dans notre dépendance.

— Elle ne me croira jamais si raisonnable, si généreux. Si tu savais à quel point je me suis laissé emporter par la jalousie ; tout ce que j’ai osé lui dire sur sa tolérance pour un amour dégradant, sur son audace à braver les soupçons d’une intrigue honteuse ; enfin, ne sachant qu’imaginer pour l’humilier dans sa faiblesse, j’ai été jusqu’à citer le mépris qu’elle t’inspirait ; je ne sais plus ce que je t’ai fait dire, mais elle en a paru plus offensée que de toutes mes injures.

— Quelle folie ! interrompit Adalbert, et pourquoi me mêler dans vos querelles ? Madame des Bruyères a raison de trouver très-mauvais que j’y veuille jouer un rôle. Je désire… je dois y rester étranger… Elle est libre de faire ce qui lui plaît, mais moi aussi, je suis libre d’en penser ce que je veux.