Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/132

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— C’est ce que je n’ai jamais pu lui faire comprendre, j’avais beau lui répéter que les indifférents ne jugeaient que sur les apparences, et qu’elle leur donnait le droit de lui supposer un amant peu digne d’elle.

— Ce droit appartient à mes ennemis, mais M. de Bois-Verdun ne l’a point, a-t-elle dit pâle de colère. Laisser accuser d’inconduite une femme… une compatriote qu’il devrait protéger ; joindre ses calomnies à celles d’un public méchant, ses plaisanteries aux propos malins dont on accable toujours une femme jeune et sans mari pour la défendre… c’est une lâcheté de sa part.

En vain j’ai aggravé mes torts, pour disculper les tiens ; en vain j’ai soutenu la justice de tes arrêts, j’ai prétendu qu’ils étaient ceux de tout le monde, qu’elle en subirait les conséquences, je n’ai pas plus gagné par l’intimidation que par la prière. Elle a parlé de fuir à jamais un monde si impitoyable. De quitter Naples…

— Diable ! il ne faut pas le souffrir ! s’est écrié le comte avec véhémence, elle partirait avec lui, et ce serait leur faire trop beau jeu.

— Sans doute, mais comment l’apaiser maintenant ? comment oser me présenter chez elle ?

— Rien de si facile ; tu la rencontreras ce soir