Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/146

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souvent et s’inquiète peu qu’il soit commun, pourvu qu’il ne manque pas son effet.

— Au terme où nous en sommes, pensa-t-elle, notre indépendance mutuelle aussi bien établie et ma liberté autorisée par celle qu’il prend, il doit lui être indifférent de me voir plus ou moins sensible aux sentiments que j’inspire. Eh bien ! feignons de profiter du loisir qu’il me laisse. Il ne tient qu’aux apparences, mettons à les ménager tous les soins qui font d’ordinaire soupçonner une liaison coupable ; à force de mystères, de précautions maladroites, ne lui laissons aucun doute sur mon amour pour celui qu’il lui plaira de croire digne de ma préférence. Si le bonheur veut qu’il s’en afflige, peu m’importe son mépris, ses injures, la joie que j’en ressentirai me justifiera du reste. S’il se montre juste, tolérant envers moi, j’en mourrai de chagrin, mais je ne serai plus en proie à l’incertitude qui me dévore.

À dater de ce moment, Clotilde, sans encourager positivement les espérances de ses adorateurs, se montra flattée de leur culte. Sosthène avait la première place dans ces innocentes coquetteries. Édouard lui-même, retranché dans son secret, le crut un instant découvert par celle à qui il s’efforçait de le cacher, tant elle mettait de douceur