Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/213

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Une circonstance particulière vint encore ajouter aux sentiments amers qu’Adalbert nourrissait contre Clotilde, et contribuer à maintenir l’illusion de la princesse en dépit de ses avertissements secrets. En réclamant le zèle et les talents de M. Fresneval, pour donner à son repas antique toute la vérité et l’éclat possible, l’ambassadeur de France avait nécessairement établi de fréquents rapports entre Édouard et les personnes attachées à l’ambassade. Or, on ne pouvait le voir souvent sans être frappé de son caractère à la fois digne et modeste, de son esprit fin, gracieux, bien qu’un peu grave, et particulièrement de ses manières distinguées qui dénotaient l’éducation d’un homme destiné à vivre dans le monde et à y occuper une place supérieure à celle qu’il remplissait. Cependant, il s’appliquait avant tout à paraître jaloux de conserver le titre de gérant des propriétés de la comtesse des Bruyères, bien moins pour les profits pécuniers attachés à la gestion, que pour le bonheur d’être utile à l’objet de son culte ; mais en dépit de ses soins à prouver qu’il avait besoin de son emploi pour vivre, Adalbert avait surpris de certaines générosités de la part d’Édouard, de certaines dépenses qui, sans être fastueuses, ne viennent jamais à l’idée des gens que leur modique