Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

revenu force à l’économie, il en conclut que l’amour seul le réduisait à l’état subalterne qu’il exerçait, et qu’il préférait son humble condition chez madame des Bruyères, au plaisir de vivre plus confortablement dans le monde. La beauté, l’esprit de Clotilde, rendaient cette supposition très-probable, et ce n’est pas cela qui tourmentait Adalbert, il lui importait seulement de savoir si la comtesse ignorait la ruse de M. Fresneval, ou bien si elle la tolérait.

Dans cette pénible incertitude, il résolut de se servir de la jalousie de Sosthène pour éclairer la sienne ; il lui fit part de sa remarque, de ses soupçons, et comme les amoureux adoptent facilement les bonnes ou mauvaises raisons qu’on leur donne de s’alarmer, M. de Tourbelles se promit d’exercer une telle surveillance sur les moindres actions d’Édouard et de Clotilde, qu’il saurait bientôt si elle était sa dupe ou sa complice.

La mascarade romaine devait lui faciliter les moyens de se convaincre, par les fréquentes occasions qu’il allait avoir de les rencontrer ensemble. Cet incident jeté à travers une partie de plaisir en redoubla l’intérêt, et la plupart des invités étaient loin de se douter des événements dramatiques qui pouvaient résulter de cette innocente fête.