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Le lundi-gras arrivé, plusieurs chars construits et drapés à l’antique, traînes par de beaux chevaux à tous crins, et conduits par un bras vigoureux à peine couvert des plis d’une toge, vinrent s’arrêter à la porte de la brillante Térencia, de la belle Calpurnie et des autres dames romaines destinées au banquet de Pompéi. Il devait commencer à sept heures, à la tombée du jour.

Une de ces nuits que le ciel réserve au printemps de Naples[1], éclairait le cortége, au point de rendre inutiles les torches enflammées que portaient les esclaves. La lune semblait s’être rapprochée de la terre pour mieux voir ce peuple qui l’avait adorée jadis ; un grand nombre de Napolitains, désirant jouir de la vue de cette fête curieuse, s’étaient résignés au déguisement exigé et ajoutaient beaucoup à l’illusion ; c’était la nouvelle de Naples, chacun venait reconnaître son parent, son ami sous la toge, dans le vrai costume de son aïeul. En voyant passer ces chars entourés d’une troupe de Romains qui se disputaient l’honneur de les précéder ou de les suivre, on pouvait se croire au temps où Salluste réunissait à Pompéi ses illustres amis.

  1. On sait que la fin des jours gras arrive au moment où commence le printemps en Italie.