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tageait pas ; sur l’apparence d’une trahison dont sa jeunesse, la pureté de son âme devaient la rendre incapable. Faire d’un motif puéril la base d’un malheur éternel, le prétexte d’une injustice révoltante, réduire à l’abandon, à l’exil, la femme qu’il avait juré de protéger et de défendre, c’est un crime envers la famille, envers la société, un crime que la conquête du monde ne saurait absoudre.

— Ah ! mon Dieu ! la belle colère ! s’écria Salluste, frappé de l’animation qui brillait dans les yeux de Calpurnie et donnait à sa voix l’accent d’une fureur concentrée ; jamais l’on n’a mieux combattu pour l’opprimée, mais avant de condamner si rigoureusement l’oppresseur, il faudrait l’entendre.

Alors il s’adressa à César qui, tout en ayant l’air d’être fort occupé des agaceries de sa voisine, n’avait pas perdu un mot de la diatribe conjugale que sa femme, entraînée par un sentiment invincible, avait improvisée malgré elle, sans s’apercevoir que le masque de Calpurnie ne cachait plus assez les traits altérés de Clotilde. Étonné de le voir si calme, Salluste lui répéta les accusations foudroyantes dont on l’accablait, et lui demanda quels étaient ses moyens de défense.