Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/246

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saient en sensibilité sur le sort réservé au beau César, et plaignait hautement Calpurnie : pleurer un tel mari, leur paraissait le plus grand des malheurs.

Enfin, les places réservées pour la société de Salluste étant remplies, le spectacle commença et captiva pendant quelque temps l’attention générale ; mais comme l’intérêt de la salle l’emportait de beaucoup sur l’intérêt de la scène, les conversations reprirent bientôt leur courant, et la médisance reprit ses droits. Le fier César avait derrière son gradin un groupe d’invités du pays, qui, ne se doutant pas de l’effet que pouvait produire leur bavardage, répétait de confiance la nouvelle du prochain mariage de la belle madame des Bruyères. Curieux de savoir à qui l’on mariait sa femme, Adalbert prêta l’oreille et entendit le dialogue suivant entre un seigneur florentin placé derrière lui et un gentilhomme français tout récemment arrivé à Naples.

Ce voyageur, nommé le baron de Grandménil, était un de ces Parisiens actifs, bien élevés, ignorants des grands intérêts qui bouleversent les nations et agitent la vie, mais très-savant dans la science du monde ; au courant de toutes les aventures, des moindres différends, des mariages, des