Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/252

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déposer mes passe-ports ; le soin de commander mon costume, de prendre quelques informations sur les étrangers et les naturels du pays formant ici le corps de la bonne compagnie, a rempli tous mes moments ; mais je vais réparer le temps perdu, et je m’engage à te donner avant deux jours, tous les renseignements possibles sur le compte de cette nouvelle étoile qu’on n’a encore vu briller qu’ici.

— Peine inutile, qu’apprendras-tu ?

— Sa vie entière.

— Tu as donc de grands projets sur elle ?

— Et pourquoi n’en aurais-je pas ? C’est une monnaie en circulation.

— Pas positivement, s’il faut en croire le bruit nouvellement répandu de son amour pour une espèce de Saint-Preux, pauvre et lettré comme le héros de la prude Héloïse.

— Ah ! son cœur a déjà parlé ? je m’en doutais, Eh bien ! tant mieux, le triomphe en sera d’autant plus glorieux.

— Ce qu’on a peine à concevoir, c’est qu’elle préfère ce jeune homme, chargé de la direction de ses biens, au fils de l’ambassadeur de France.

— Quoi ! cette jolie comtesse des Bruyères ; cette belle Calpurnie, est éprise de son intendant…

— À tel point, te dis-je, qu’elle va l’épouser.