Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/275

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son visage ; mais Clotilde remarquait ses différentes impressions, et les partageait sans les expliquer. Plus d’une fois la sympathie des idées agissant sur son esprit, elle fut prête à répondre à ce que lui taisait Adalbert ; quelque chose l’avertissait qu’il pensait à elle ; la joie qu’elle éprouvait dans ce cruel moment ne pouvait avoir d’autre cause ; et cette joie, Adalbert lui en fait un crime. Ne pouvant la voir sans colère, il se lève brusquement ; son épingle tombe, il la ramasse, et laisse voir en se baissant sa médaille bénie. Alors, la joie de Clotilde redouble. Elle l’exprime en phrases dont la déraison fait le charme. On l’écoute, on l’applaudit, elle sourit à tout le monde. Et cette gaieté, qui tient de la fièvre et touche au désespoir, achève de lui aliéner le cœur de celui qu’elle aime.

La princesse Ercolante, placée près de la reine, n’avait pas perdu de vue M. de Bois-Verdun, et s’était confirmée dans l’idée qu’il était amoureux de la comtesse. Tout autre se serait trompée à son peu d’empressement pour Clotilde, à la parfaite indifférence qu’il lui témoignait. Mais, en pareille occurrence, l’instinct est plus fort que l’esprit, et ce qu’on sent persuade mieux que ce qu’on voit. La certitude d’être trahie plongeait la princesse dans une tristesse mêlée de rage, qu’Adalbert mit sur