Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/279

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fit un salut des plus polis à ses adversaires, et marcha avec eux au-devant de M. de Tourbelles qui venait les chercher pour les conduire dans un petit pré voisin, entouré d’une haie d’aubépine, et garanti des rayons du soleil et des regards importuns par le feuillage déjà touffu de plusieurs chênes-verts.

Ce qu’éprouva Clotilde en voyant Adalbert se diriger vers ce pré, ne saurait se peindre, et pourtant, le tremblement qui s’empara de tous ses membres, ne l’empêcha point de céder à un mouvement de curiosité, dont tout autre, à sa place, aurait eu peine à se défendre. Elle fut ramasser l’enveloppe restée sur la rive, et sentit ses pleurs couler en reconnaissant sur l’adresse l’écriture de la princesse Ercolante.

— Elle !… et toujours elle… sa première, sa dernière pensée… tout est pour elle ! s’écria Clotilde ; à son lit de mort, sur le terrain qui doit boire son sang, il ne regrette qu’elle ! Et moi… je suis là, vivante de sa vie, mourante de sa mort… sans espoir d’un regret, d’un souvenir !… trop certaine que ce cœur… en cet instant point de mire de la colère d’un homme, n’a jamais battu pour moi…

C’est en proie à ces réflexions cruelles que Clo-