Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/287

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dans ce méchant monde. Ah ! ne me les enlevez pas ! Songez que je dois vous aimer, que mon père me l’ordonne, que votre intérêt, le mien, tout m’y porte, et qu’en jetant sur un lien sacré toute la fange d’un amour adultère, vous m’obligez à vous abandonner.

— Adultère !… répéta Édouard en portant sur Clotilde un regard étonné.

— Oui, adultère… Et puisque pour vous rendre à la raison, à l’honneur, il faut vous livrer le secret de ma vie : apprenez que je ne suis pas libre.

Alors, profitant de la stupeur où ces derniers mots plongèrent Édouard, Clotilde lui fit le récit de son mariage et du motif ridicule qu’elle prétendait avoir servi de prétexte à l’étrange conduite de son mari ; mais voyant la colère ranimer peu à peu les traits abattus de Fresneval et frappée des exclamations menaçantes qui lui échappaient involontairement à mesure qu’elle peignait les douleurs de l’abandon, elle crut prudent de se taire sur la présence de son mari à Naples. Parmi les articles convenus de leur séparation et les événements qui s’en étaient suivis, elle n’avait pas parlé de son changement de nom et s’était abstenue de faire connaître celui du marquis de Bois-Verdun. Elle avait pris, disait-elle, l’engagement de cette