Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

discrétion, qui devait être réciproque entre les deux époux.

— Et ce monstre d’ingratitude, cet homme abominable, s’écria Édouard, vous l’aimez toujours ? Et l’on ne peut le tuer sans vous coûter des larmes, sans être maudit par vous ?

— Il est trop vrai. Ah ! plaignez ma faiblesse, n’ajoutez pas à tous mes malheurs celui de craindre pour lui et pour vous. Sauvez-moi de tout scandale, ne me réduisez pas à violer le dernier serment fait à mon père, à trahir son dernier vœu en révélant ses torts. Sacrifiez-vous à sa mémoire, résignez-vous à n’avoir que moi dans les secrets de ce que nous sommes l’un pour l’autre. C’est à ce prix seulement que je puis vous protéger, vous aimer de toute la tendresse d’une sœur. Y consentez-vous ?

— Ah ! ma vie vous appartient, dit Édouard respirant à peine, disposez de toutes mes actions, elles vous sont soumises… mais ce misérable cœur dévoré d’un amour impossible, que le désespoir nourrit, que le remords augmente, que pourrez-vous sur lui ? n’ai-je pas tout épuisé pour l’éteindre ? peut-il mourir avant moi ?… Ah ! pardon ! pardon ! je vous offense ; prenez pitié de mon égarement, aidez-moi à me rendre digne de…

— Levez-vous, interrompit brusquement la com-