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— Approchez cette table, dit madame des Bruyères à Ricardo, je vais répondre un mot que vous remettrez au domestique de l’ambassadeur.

Se mettre à écrire, c’était ordonner à Édouard de la laisser seule. Il comprit l’ordre, et se retira.

Ricardo se garda bien de dire qu’il avait éconduit le messager du marquis de Tourbelles en s’engageant à lui porter lui-même, dans une heure, la réponse de la comtesse. Il s’était ménagé cette occasion de faire son rapport à Sosthène, à M. de Bois-Verdun et à la princesse Ercolante.

L’effet de ce triple rapport fut tel qu’il pouvait l’attendre, Sosthène se refusa d’abord à le croire et le traita de misérable imposteur ; puis, vaincu par les preuves dont Ricardo ornait son récit, par l’accent de vérité que celui-ci tenait de sa propre conviction, M. de Tourbelles tomba dans la stupeur d’un fanatique dont on vient de briser l’idole. Il courut chez son ami, dans l’espoir qu’Adalbert, moins intéressé que lui dans le fait qui accusait madame des Bruyères, lui fournirait des raisons pour combattre l’évidence. Mais loin de trouver près de son ami la modération, les sages conseils qui devaient l’aider à calmer sa colère, il le voit pâlir de rage à chaque mot qui dénonce le bonheur d’Édouard, il l’entend s’écrier :