Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/291

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— Et nous laisserions vivre cet infâme suborneur, ce valet ambitieux ! et nous pourrions souffrir qu’abusant de ce titre d’homme d’affaires, de secrétaire, ces Saint-Preux d’antichambre vinssent nous enlever nos sœurs, nos maîtresses et nos femmes ? Non, l’intérêt, l’honneur de la société exigent que l’on fasse justice de leurs intrigues, de leurs projets infâmes, qu’on les remette à leur place en leur ordonnant de n’en plus sortir.

Puis, remarquant la surprise qui se peignait dans les yeux de Sosthène en lui voyant prendre si chaudement son parti, Adalbert ajouta :

— Dans cette circonstance, ta cause est celle de tous les gens de bonne compagnie ; ils sont tous offensés dans le triomphe qu’un semblable personnage remporte sur eux ; et il faut un exemple qui décourage les folles ambitions en punissant le succès ridicule de ces audacieux esclaves.

En parlant ainsi, M. de Bois-Verdun marchait à grands pas dans son cabinet, sans s’apercevoir que son indignation dépassait celle de son ami. Heureusement pour lui, Sosthène, dominé par sa propre fureur et par cet égoïsme bienfaisant qui ne permet de penser qu’à ce qu’on souffre, mit l’emportement d’Adalbert sur le compte d’une amitié passionnée, et lui demanda comment il devait châtier le coupable.