Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— L’embarras n’est pas d’en faire naître l’occasion, car je le crois brave, dit Sosthène, mais le provoquer, c’est la perdre.

— Ah ! garde-toi bien de ce tort, s’écria Adalbert avec terreur, songe que cette femme a peut-être été entraînée par des malheurs… que le monde ignore… que livrée à elle-même par l’abandon de… quelque ingrat, elle s’est trouvée sans défense contre les séductions d’un misérable à qui son emploi chez elle donnait le droit de la voir tous les jours, qui s’en sera servi pour la corrompre, et qui compte sur un éclat pour la contraindre à lui consacrer sa personne et sa fortune. Songe qu’elle tient à une famille distinguée que son déshonneur mettrait au désespoir. Épargne-la, je t’en conjure, la justice, la pitié, tout t’en fait un devoir ; mais en te contentant de la mépriser, de la plaindre, guette le moment de la venger, il ne se fera pas attendre, crois-moi ; celui qui spécule sur sa faiblesse nous fournira bientôt l’occasion de l’éclairer sur la ruse dont elle est dupe, et les prétextes ne nous manqueront pas pour traiter ce petit Monsieur comme il le mérite.

— Attendre !… attendre quand le sang me bout dans les veines, s’écria Sosthène, quand je n’ai plus qu’un sentiment, qu’un besoin, qu’une soif !…