Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poitrine qui lui avait fait prescrire par les médecins le séjour de l’Italie pendant un hiver au moins.

La marquise d’Almédarès avait tout ce qui commande le respect sans nuire à la confiance. D’abord, son visage, encore beau, portait les traces du calme que laissent les succès ; on la voyait fière, on la devinait indulgente. En effet, sans pitié pour l’égoïsme, la mauvaise foi, la licence, elle était pleine de commisération pour la faiblesse. Sa part avait été si belle en amour, que l’envie lui était étrangère ; elle aurait pu, mieux que tant d’autres, prolonger son existence romanesque ; mais un noble orgueil l’avait fait abdiquer de bonne heure de peur de compromettre son empire. Elle se consolait de cette retraite prématurée en s’intéressant aux émotions qu’elle ne voulait plus éprouver, aussi son amitié se portait-elle particulièrement sur les personnes dont l’esprit distrait, les manières nonchalantes, trahissaient un cœur tristement occupé.

Guidée par ce bon sentiment, elle ne tarda pas à se lier avec la comtesse des Bruyères, nom qu’avait pris Clotilde au moment de quitter la France, d’abord parce que c’était celui de sa terre, et puis, qu’en le prenant, elle s’épargnait toutes les ques-