Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/42

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mes qui nés dans une classe supérieure, ont subi toutes nos révolutions et les vôtres, ce qui leur a donné de fréquentes occasions d’employer leur courage, leur esprit et leur philosophie. La perte de ses priviléges et d’une grande partie de sa fortune, n’a point altéré son humeur, ni ses manières ; c’est un général auquel il ne manque qu’une armée, un grand seigneur sans cour élégante, un homme du monde qui sait fort bien s’en passer, un vieillard plus jeune que la plupart de nos lions fatigués et blasés. Je suis sûre que vous l’aimerez, chère Clotilde. Le général Vascova a vécu autrefois à Paris, vous pourrez en causer avec lui, car il parle français mieux que moi, malgré l’habitude que nous avons été forcés de prendre dans ma jeunesse, car c’était plaire au frère de Napoléon que de s’exprimer dans cette langue. Allons, suivez-moi, venez demander à l’Italie ce qu’elle ne refuse à aucune douleur, un air pur, des sites enchanteurs et de grands souvenirs ; n’ajoutez pas à vos regrets ceux d’une séparation qui nous serait à toutes deux bien cruelle. Vous avez besoin d’être aimée, vous avez droit à l’amitié la plus dévouée ; abandonnez-vous à la mienne ; je désire si vivement votre bonheur, que je me crois destinée à vous y conduire.