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— Ah ! quelle que soit l’influence d’un si doux sentiment de votre part, je m’y livre avec reconnaissance, s’écria Clotilde ; sans vous, mon amie, je serais seule au monde, disposez de moi. Vous suivre, vous obéir, vous aimer, voilà ce qui va m’aider à passer une vie sans intérêt, sans but, à m’empêcher de l’éteindre dans les regrets et l’ennui.

— Vraiment je saurai bien vous en empêcher : à votre âge, les premiers chagrins ont une apparence d’éternité effrayante ; mais, grâce au ciel, il en vient d’autres qui les font oublier, puis de nouvelles illusions, puis des plaisirs qui consolent de tout. Laissez-moi l’espoir d’un meilleur temps pour vous, et sachez-moi gré de ma discrétion à rester dans l’ignorance des causes de votre mélancolie. Je les devine du reste, cela me suffit pour vous aider à les oublier.

— Ah ! que je vous remercie de me rappeler ainsi le bon despotisme de ma mère !

— J’accepte de grand cœur l’autorité que vous m’offrez, reprit la marquise, et je vais vous le prouver en faisant tout disposer pour notre embarquement.