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Édouard avait été recommandé, disait-on, à M. Thomassin, par un de ses parents. Cela expliquait pourquoi il était employé si gravement, bien qu’on le trouvât trop jeune. Clotilde savait céder au vœu de son père, en conservant à son protégé la place dont M. Thomassin l’avait cru digne, et elle le chargea de toucher ses revenus et d’administrer tous ses biens.

Les ennuis d’une longue traversée rendent avide de conversation. Celle de l’intimité épuisée, on a recours à celle des passagers et même des marins de l’équipage. Là où la lecture est au premier rang des plaisirs et des fatigues, un bon lecteur est un être précieux ; la marquise ayant plusieurs fois prié M. Fresneval de lui lire des notes imprimées en trop petits caractères, s’était aperçue qu’il lisait à merveille, talent fort rare, et elle conçut aussitôt l’idée de l’employer. Édouard se prêta de bonne grâce à ce désir. Il fut convenu que chaque soir, après avoir pris le thé, il lirait à ces deux dames les nouveaux ouvrages français auxquels l’étranger accorde l’honneur de la contrefaçon, certain qu’ils doivent être les meilleurs.

Rien ne révèle mieux la profondeur, la légèreté, la finesse ou la lourdeur de l’esprit, qu’une lecture en commun. Les réflexions qu’on ne peut s’empê-