Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/54

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gements avantageux qui s’étaient faits dans Clotilde depuis qu’elle avait atteint l’âge où la beauté des femmes est dans tout son éclat, se demandait s’il n’était pas dupe d’une illusion, et si la personne qui lui imposait autant par la noblesse de son profil, son maintien fier et son air calme, était bien la même que cette jeune fille timide, embarrassée, dont le regard toujours baissé ôtait toute expression à son visage et dénotait un secret embarrassant. Il avait peine à croire que cette métamorphose se fût opérée en trois années.

Le silence qu’il gardait en se livrant à ces réflexions, Sosthène le mit sur le compte d’une admiration excessive, et Clotilde l’interpréta comme la preuve d’une indifférence que rien ne pouvait troubler.

— Cette rencontre ne lui donne seulement pas un peu d’humeur, pensa-t-elle ; peut-être m’a-t-il complétement oubliée ? Nous nous sommes vus si peu de temps !… peut-être trouve-t-il plus amusant de n’avoir pas l’air de me reconnaître. Eh bien, qu’il en soit comme il voudra ; et moi aussi je le traiterai en inconnu, aussi bien je ne pourrais faire autrement sans dénoncer son infâme conduite envers moi, sans lui attirer la haine, le mépris des gens qui me portent de l’amitié, et il en résulterait ici