Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/55

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quelque scène fâcheuse. Ayons du courage… Il me saura gré, sans doute, de ma discrétion, et de plus, je suis curieuse de voir le parti qu’il prendra dans cette étrange circonstance.

— Je vous trouve bien froide aujourd’hui pour mon opéra favori, cara contessina, dit la duchesse en s’adressant à Clotilde ; pourtant il Matrimonio Segreto vous ravit ordinairement ; peut-être commence-t-il à vous ennuyer ?

— Ah ! je n’ai pas eu le temps ni l’occasion de m’en ennuyer, reprit Clotilde en s’efforçant de sourire, car je l’ai toujours vu et applaudi avec vous. Mais j’ai mal à la tête ce soir, et il faut que vous m’excusiez d’être maussade.

— Soyez tout ce que vous voudrez, nous ne serons pas fâchés de vous voir autrement qu’adorable, dit le général, et cela est peut-être fort heureux pour ces jeunes Messieurs, car on leur a tant vanté la beauté, l’esprit, les grâces de madame la comtesse des Bruyères, qu’ils en avaient déjà la raison fort troublée.

— On la perdrait à moins, dit Adalbert à demi-voix.

Quant à M. de Tourbelle, il était dans une contemplation muette qui en exprimait plus qu’il n’aurait pu dire. La duchesse lui avait déjà parlé