Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment de dépit ; et loin de me laisser intimider par la gaieté maligne de M. de Varèze, je tombe souvent dans le tort contraire ; je ne le rencontre jamais sans prendre la défense des gens dont il rit ; et comme font tous les avocats, j’entremêle toujours quelques personnalités dans mon plaidoyer. M. de Varèze s’en amuse ou s’en pique à son gré, peu m’importe ; je n’ai pour lui aucun sentiment qu’il puisse blesser ; il vient chez moi les jours où je reçois tout ce que je connais à Paris ; il n’est point admis dans mon intimité, malgré l’extrême désir qu’en aurait ma tante, car vous saurez qu’elle le trouve charmant. Elle disait l’autre soir que, si elle avait seulement quarante ans de moins, elle en serait folle ; moi, qui n’en ai pas soixante, j’ai une admiration beaucoup plus modérée pour lui ; mais tout en blâmant les travers de son esprit, je crois son cœur trop noble pour mériter le soupçon de procédés si infâmes.

— Et moi aussi, vraiment ; le cœur ne se mêle jamais de ces choses-là ; mais je ne demande pas mieux que de me tromper dans cette circonstance, car je serais désolé de me brouiller avec vous à propos d’un homme que je trouve au fond très-amusant.

Cette réponse, accompagnée d’un sourire à la fois bienveillant et malin, excita chez madame de Lisieux l’impatience qu’on éprouve à voir le manque d’effet d’une affirmation que l’on croit sincère.

L’arrivée de M. de Sétival et de plusieurs autres vi-