Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/59

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sonne exposée au même danger lui causerait la même préoccupation.

Cependant une vague défiance de sa raison la détermina à se mettre sous la surveillance d’une amie, qui l’avertirait au premier signe de faiblesse. Madame d’Ostange avait promis de venir habiter l’hôtel de Lisieux dès qu’un vieux parent, qui était depuis trois mois chez elle, retournerait dans sa province ; c’était à cette condition que Mathilde avait consenti à quitter sa retraite, et elle se félicitait de voir approcher le moment où madame d’Ostange remplacerait sa mère auprès d’elle.

Cette indépendance tant désirée par les jeunes femmes livrait Mathilde à de continuelles inquiétudes. À son âge les moindres démarches ont une grande influence sur la réputation, et la crainte de se compromettre empoisonne quelquefois les plaisirs les plus innocents. Le monde, qui condamne les femmes à une éternelle soumission, leur a rendu la liberté pénible et dangereuse, et l’on a vu souvent celles qui se révoltaient contre l’autorité bienveillante d’une mère ou d’un mari, fléchir devant la sévérité des indifférents, et chercher un abri contre les soupçons malins dans la présence d’un argus respectable.

Mathilde dormait à peine, et dans son impatience d’apprendre le résultat du duel d’Albéric, elle envoya de très-bonne heure chez le colonel Andermont ; il n’était point encore rentré. En écoutant cette ré-