Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/166

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la nuit. L’altération de ses traits et l’espèce d’effroi que lui causa ma subite apparition m’ôtèrent la force de parler. Je tombai sur un siége, ne pouvant plus me soutenir. Elle vint à moi, et me dit les yeux remplis de larmes :

— Léonie sait tout… Ah ! je n’ai plus d’espérance !

Et, ne contraignant plus sa douleur, madame de Nelfort se répandit en reproches contre la légèreté de son fils, la sévérité de son frère et l’indiscrétion de ceux qui m’avaient instruite d’une scène que chacun aurait dû me laisser ignorer.

C’est en déclamant contre ces indiscrets qu’elle m’apprit, sans le savoir, qu’Étienne ne trouvant pas sa fille chez lui, l’avait cherchée dans un endroit du parc où des paysans lui dirent l’avoir rencontrée ; et qu’attiré par le son d’une voix menaçante et les sanglots d’une femme, il était entré dans un bosquet où le premier objet qui frappa sa vue fut Alfred entraînant Suzette presque évanouie vers une grotte qui se trouvait près de là. Dans sa juste fureur, ce malheureux père allait arracher sa fille des bras du neveu de son maître,