Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/283

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et toute ma destinée disparaissait devant l’idée de rencontrer ses yeux.

Cependant, rien au monde ne m’aurait déterminée à descendre dans le salon avant que chacun ne s’y fût réuni, un sentiment de pudeur me faisait craindre de m’y trouver seule avec Edmond. Ah ! l’embarras qui suit un aveu suffirait pour éclairer les femmes sur le danger d’en faire.

On ne rougirait pas tant si l’on n’avait pas la conscience de tous les droits qu’il donne.

Absorbée dans mes réflexions, et les yeux fixés sur ma pendule, je ne pensais qu’à voir arriver l’heure où je pourrais le revoir, lorsque Suzette me dit :

— Vous oubliez l’heure qu’il est, mademoiselle ; on va bientôt sonner le déjeuner, et vous ne serez pas prête.

L’à-propos de ce conseil me fit sourire. Je me laissai habiller par Suzette, sans m’occuper de ma toilette, l’amour malheureux à l’excès dédaigne les petits intérêts de la coquetterie.

Quand la cloche se fit entendre, je tressaillis, il fallut