Page:Nichault - Physiologie du ridicule.pdf/186

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surprendre une émotion délatrice, s’empressa de venir raconter à madame Menival ce qui venait de se passer dans le foyer entre M. d’Aulerive et M. d’Arthenay.

— Quelle sottise ! s’écria le bon Menival ; se quereller ainsi pour un malheureux projet de loi, une ordonnance, qui seront peut-être révoqués demain par un autre projet de loi et une autre ordonnance ! C’est une extravagance que je ne souffrirai pas, et je leur ferai bien entendre raison.

En disant ces mots, il sortit de la loge pour courir après son ami ; mais il n’était plus à l’Opéra. Lorsque Menival revint près de sa femme, il la trouva pâle et souffrante à tel point qu’il lui proposa de faire demander sa voiture.

On ne sait pas bien pour lequel des deux madame Menival avait le plus d’inquiétude ; cependant la supériorité d’un attachement sur une coquetterie ne permet pas de douter que M. d’Aulerive ne l’emportât en cette circonstance, et puis il se mêlait un peu de remords à ce qu’elle éprouvait. Quelle femme peut se croire la cause d’un duel sans en être désespérée ! Eh bien, ce que le regret, la crainte, le remords et l’amour même