Page:Nichault - Physiologie du ridicule.pdf/187

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inspiraient en ce moment à madame Menival, n’approchait pas du dévouement passionné dont l’aveuglement, l’amitié, l’enthousiasme, rendaient son mari capable envers son cher d’Aulerive.

Le lendemain, dès six heures du matin, il était chez M. d’Arthenay, employant toute son éloquence à lui prouver que ce qu’il appelait le petit mouvement de vivacité de son ami ne pouvait être regardé comme une insulte. Jamais un père, un frère disputant au plus barbare préjugé la vie de ce qu’il aime le plus au monde, ne mit autant de chaleur à défendre une cause, et plus de zèle à concilier une affaire ; mais M. d’Arthenay resta inébranlable.

— En vérité, dit-il à ses témoins, qui venaient d’arriver, on doit être sûr de soi quand on a eu le courage d’écouter pendant une heure ce brave homme sans rire, comme je viens de le faire ; il a si grand’peur que je ne tue l’amant de sa femme, qu’il me fait pitié.

Espérant être mieux écouté de M. d’Aulerive, Menival courut chez lui ; mais il était déjà parti pour Saint-Mandé. Alors, décidé à tout tenter pour prévenir un malheur, il ordonne à son cocher d’aller à toute bride pour tâcher de rejoin-