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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/135

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et une femme emmenée par l’ordre de M. de Montvilliers dans le cas où madame de Lorency aurait besoin de secours.

Une grande agitation redouble les forces momentanément. Ermance supporta la route sans paraître souffrir ; mais lorsque la voiture fut entrée dans la cour de la nouvelle maison qu’elle devait habiter, et qu’elle se disposa à monter les marches du péristyle, ses forces l’abandonnèrent ; on fut obligé de la transporter dans son lit. Il était sept heures du soir. Le président envoya chez le docteur B…, qui était à dîner ; il ne se fit pas attendre, et sa voix seule aurait ranimé Ermance si elle avait pu l’entendre ; car ayant deviné la cause de l’imprudence qui lui faisait exposer sa vie, il lui répétait qu’on savait parfaitement que l’officier assassiné en Espagne n’était point M. de Lorency, et qu’elle serait d’autant plus convaincue de cette vérité qu’elle le verrait lui-même avant peu ; car il était porté sur la liste des nouveaux écuyers de l’empereur, et devait se trouver à Paris pour les cérémonies du mariage. Mais ce ne fut qu’après un quart d’heure d’un spasme effrayant qu’Ermance devint assez calme pour écouter le docteur B….

— Vous inventez peut-être tout cela pour me rassurer ? disait-elle. Ah ! par grâce, ne me trompez pas !

Et M. de Montvilliers était contraint d’affirmer les paroles du docteur pour qu’elle se décidât à le croire.

Heureusement madame de Cernan, avertie de l’arrivée d’Ermance, vint confirmer la nouvelle et montrer une lettre d’Adhémar qui ne laissait aucun doute sur son prochain retour. En voyant ces preuves rassurantes, Ermance promit d’être docile aux avis du docteur, il lui ordonna de garder le lit quelques jours pour se remettre de la commotion qu’elle venait d’éprouver. Cependant, trop agitée encore pour espérer du sommeil et poursuivie d’images effrayantes, elle pria ses amis de ne pas la quitter ; ils s’assirent près de son lit, et se mirent à causer des événements qui occupaient alors tous les esprits. Le docteur, ami intime du comte Régnaud-de-Saint-d’Angély, raconta toutes les particularités du divorce impérial, de ce sacrifice à l’ambition subi avec tant de douleur et de courage par l’impératrice et par ses enfans, de ses adieux