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L’HÔTE QUE L’ON N’ATTENDAIT PLUS

C’était un Phalène-Caudron. Il semblait si léger, si fin !… Était-ce possible qu’avec un avion pareil on entreprit la traversée du Sahara !

Antoine flattait l’aile argentée de l’avion et, comme s’il eût suivi sa pensée, expliquait :

— Un bon outil ! Plus résistant qu’il en a l’air. Vous verrez ça !

Le même soir, ils couchaient à Oran, dans un hôtel banal. Leurs chambres étaient voisines.

À quatre heures du matin, lorsqu’il vint la réveiller, elle était prête, car elle l’avait entendu se lever.

Il l’examina à nouveau. Elle portait un tailleur blanc bien coupé et tenait son casque à la main.

— Vous n’en avez pas encore besoin, lui expliqua-t-il. Pas avant les Tropiques. Maintenant il vaut mieux mettre un chèche car nous aurons sûrement du sable. C’est la bonne saison.

Maladroitement, elle déroula la longue bande de mousseline qu’elle avait achetée avant de partir.

— Qu’est-ce qu’on en fait ? demanda-t-elle d’un ton d’écolière.

— Tout ce qu’on veut ! Il peut servir de cache-nez, de serviette, de filtre à eau, de câble, de tente, de filet de pêche, de moustiquaire, de brosse à cirage, de drapeau, de costume de bains, de muleta, de corbeille à provisions, d’antidérapant pour les pneus, que sais-je encore ? Mais le mieux est de l’enrouler sur votre tête, comme cela — et d’une main experte il la drapait sur les cheveux de Brigitte — tout en laissant libre une extrémité que vous rabattez sur votre visage si le vent de sable se lève.

La jeune fille ne songea même pas à le remercier. Elle sentait que sa mauvaise humeur des débuts s’envolait et qu’il l’avait adoptée.

Une voiture les attendait qui les conduisit sur le terrain d’aviation. Elle reprit sa place à côté de lui et