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LA LOI DU SUD

Bernard était sur le pont quand une des invitées le rejoignit, silhouette mince, accordée à la sienne.

— Que regardez-vous ? lui dit la jeune femme.

Tous deux, pendant cette croisière, s’étaient fiancés.

— Ici, dit-il, j’ai été malheureux… Je ne savais pas que vous viendriez dans ma vie et que le bonheur frapperait encore une fois à ma porte… Ici, j’ai désiré mourir… Et je suis mort en effet.

— Je ne comprends pas.

— C’est une étrange histoire. Je ne sais plus maintenant si je dois en être fier ou en rougir.

— Racontez, insista Dominique.

Il parla de Sylvia et de son geste inconsidéré.

— Je me demande ce qu’elle est devenue ? dit-il en terminant.

— Il ne faut pas chercher à savoir. Partons, je vous en prie…

— Impossible de partir déjà… Il y a les autres, ceux qui nous accompagnent et qui se font une fête de descendre à terre… Et puis, pourquoi vous effrayer ainsi ?

— Je ne sais pas.

Une heure plus tard, ils descendaient ensemble dans la crique. Sur le chemin montant, ils se tenaient amoureusement pressés l’un contre l’autre, pour atteindre la côte bordée de cyprès et d’oliviers.

Bernard se dirigea vers la cabane de Sylvia. Il n’avait pas l’intention de se montrer. Du reste, il avait changé. Elle ne le reconnaîtrait pas.

D’instant en instant sa compagne se faisait plus grave, sans savoir pourquoi.

La porte de l’humble maison était ouverte. Une femme en sortit. Elle était vêtue d’une robe trop longue et déchirée qui traînait derrière elle. Sur sa tête une couronne de fleurs blanches chancelait. Elle s’approcha des visiteurs, prit sa couronne, la posa sur la tête de Dominique et s’enfuit en riant.

Bernard regardait la scène, atterré, incompréhensif.