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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

que jour, en strict maillot, dans le studio, elle se pliait à toutes les exigences du professeur qui n’était pas tendre. Chaque soir, elle rentrait bien sagement chez elle, dissimulant ses courbatures.

La salle où elle prenait ses leçons se trouvait place Clichy, chez Vacker, où acrobates et danseuses répètent à longueur de journée. Les planchers résonnent des appels des claquettes ; les parois laissent passer les exhortations des professeurs, les rengaines continuellement reprises des pianos et les battements du gourdin dont les moniteurs rythment sur le sol les ébats chorégraphiques.

— Allons, tire sur les bras… encore… encore… Mauviette, va… Pousse à fond. Recommençons.

C’est là qu’un jour elle avait rencontré Liliane.

— Tiens, Liliane, avait dit son professeur. Qu’est-ce que tu deviens, ma jolie ?

— Bonjour, Alfred. Je suis embêtée.

— Quoi ? Ça ne va pas ?… Les amours.

— Oh ! de ce côté, ça irait plutôt trop bien… Non, c’est le métier…

— Qu’y a-t-il ? Si je puis t’être utile, tu sais, ne te gêne pas.

— Je voudrais monter un numéro de Sisters. Je crois qu’il y a à faire dans ce genre-là en ce moment. Mais le chiendent, c’est que je ne trouve pas de partenaire. Tu ne connaîtrais personne par hasard ?

― Peut-être bien que si, fit Alfred.

Et poussant Ruby devant lui :