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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Quand elle fut sortie, Tonio se laissa aller dans le fauteuil, repoussa son chapeau sur la nuque, tira un paquet de cigarettes de sa poche, le tendit à Ruby.

— Non, merci.

Tonio n’insista pas, mit la cigarette à sa bouche, actionna son briquet, alluma. Pendant ce temps, son regard n’avait pas quitté Ruby. Elle sentait si nettement qu’il la jaugeait, l’évaluait, que, gênée, elle alla à la fenêtre et feignit de regarder dans la rue.

— Il n’y a rien à dire, fit Tonio, Liliane a eu du goût. Vous êtes bien balancée. Vaut mieux d’ailleurs pour votre numéro. Pas trop habillé, hein ?

Ruby ne répondit pas.

Tonio reprit :

— Ça n’a pas l’air de vous faire plaisir ce que je vous dis.

— Ça m’est indifférent.

— Vous êtes jolie, mais vous n’êtes pas très aimable. Je suis pourtant gentil avec vous, moi.

Ruby remarqua alors qu’il avait aux pieds des chaussures de cuir de deux couleurs différentes. À l’annulaire droit, il portait une bague un peu trop grosse.

Il continua :

— Faut pas être farouche comme cela. C’est peut-être qu’il est jaloux ?

— Qui ça ?

— Votre type.