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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

De la concierge, Neyrac n’apprit rien de nouveau. Elle s’enquit seulement de l’heure à laquelle elle pourrait faire la chambre. Il lui répondit que cela ne pressait pas.

L’inspecteur n’obtint rien non plus des locataires qu’un peu au hasard il questionna. Ils n’avaient rien vu, rien entendu. La petite acrobate blonde lui raconta le déjeuner qu’elle avait pris avec Liliane et Ruby.

— Elles étaient comme deux sœurs pour de bon, affirma-t-elle.

Chancerel revint alors accompagnant un monsieur de taille moyenne dont la barbichette grisonnante frémissait et dont tremblait sur le nez un peu fort le lorgnon retenu par une chaînette d’argent. Il était Officier de l’instruction Publique. Il tenait à la main son chapeau melon.

— Quelle honte pour la famille, monsieur l’inspecteur principal, s’exclama-t-il. Une fille que sa mère et moi avions élevée avec tant de soin, dans les meilleurs principes ! Et voilà qu’elle a abandonné le foyer où elle était choyée, gâtée, adulée, pour monter sur les planches et se montrer — oh ! j’en rougis bien que nous soyions entre hommes — toute nue devant le public. Et par dessus le marché, on me l’assassine. Oh ! ma pauvre petite fille, pourquoi m’as-tu fait cela ?

— Je compatis à votre douleur, Monsieur, fit Neyrac, et je vous prie d’agréer mes condoléances.