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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Mais, dans l’intérêt supérieur de la justice, je me vois contraint de vous demander de surmonter votre émoi, tout légitime qu’il soit, pour répondre aux questions que je m’excuse de devoir vous poser.

Le père de Ruby se campa. Ce langage le remontait visiblement.

Mais le téléphone grelotta. Chancerel décrocha.

— C’est vous qu’on demande, dit-il à Neyrac.

Neyrac prit l’écouteur. Son visage demeurait impénétrable cependant qu’il écoutait et répondait brièvement.

— Oui… oui… Ah ! Ah !… Bien cela… Très bon… Je le verrai, bien entendu… Oui… Merci.

Neyrac chuchota quelques mots à l’oreille de Chancerel qui acquiesça de la tête. Puis il revint dans son fauteuil.

— Excusez-moi.

— Je suis à votre disposition, monsieur l’inspecteur principal.

— Votre fille avait dix-neuf ans. À cet âge, mon Dieu, le cœur est parfois éloquent. Ne connaissiez-vous pas… d’amourettes à votre fille ?

— Elle était la pureté même.

— Pas le moindre flirt ?

— Sa mère et moi lui avons toujours enseigné qu’il ne pouvait y avoir place pour l’amour en dehors du mariage.

— Vous saviez qu’elle prenait des leçons de danse chez un nommé Alfred ?