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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

elle était loin d’être une inconnue quand elle avait traversé l’Atlantique avec ses cinquante malles.

Elle vivait seule, fréquentant de temps en temps quelques compatriotes, mais évitait de se mêler aussi bien à la pègre qu’à la bohème de Montmartre.

D’une manière très désinvolte, elle s’était juchée sur une table, et, tout en fumant cigarette sur cigarette, répondait à Neyrac en balançant ses jambes qu’elle savait être parfaites.

Son accent amusait Neyrac.

— Yes, dit-elle, je suis rentrée chez moi cette nuit vers minuit. Tout de suite après les Folies.

— Vous êtes revenue à pied ?

— Non, en taxi. Pourquoi ?

— Pour vérifier si votre notion de l’heure était exacte. Poursuivez.

— Quand j’ai voulu entrer, je me suis heurtée à un homme devant la porte.

— Un homme… Vous le connaissiez ?

— Très bien. C’était Tonio Savelli, le mari de Liliane.

— Vous êtes sûre qu’il s’agissait bien de Savelli ?

— Il y a six mois que j’habite ici. Je l’ai souvent vu. Nous bavardions parfois ensemble.

— Il sortait ou il entrait ?

— Je ne sais pas. Il était devant la porte. Quand il m’a vue, il n’a plus bougé.

— Il ne vous a rien dit ?

— Non, il a fait comme s’il ne me voyait pas.