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PIERRE-LOUIS-MARIE CHANEL

des processions, etc. Mon cousin était toujours le premier à proposer les cérémonies qu’il exécutait avec une grâce merveilleuse.

À sept ans et demi, la cousine de Pierre dut quitter la Potière pour aller, avec ses parents, habiter un hameau de la paroisse de Cras. Mais bientôt Pierre trouva dans sa sœur Marie-Françoise, plus jeune que lui de cinq ans, des inclinations et des goûts qui lui rappelaient ceux de Jeanne-Marie. Aussi, le frère et la sœur s’aimèrent-ils d’une affection particulière. Sauf l’âge, la ressemblance entre eux était parfaite : mêmes traits de visage, même caractère, mêmes inclinations, même attrait pour la piété. Ils se plaisaient à travailler et à jouer ensemble ; ensemble ils priaient le bon Dieu et la Sainte Vierge ; ensemble ils portaient aux pauvres les petites charités de la famille. Ce que l’un faisait, l’autre n’hésitait pas à le faire, et pour compléter les similitudes, la Providence les appela l’un et l’autre à la vie religieuse dans la congrégation qui portait le nom de Marie.

L’extérieur du jeune Pierre révélait la beauté de son âme. Les contemporains nous apprennent que sa taille était mince, sa démarche modeste, ses traits réguliers, son regard doux et intelligent. Une légère pâleur, assez commune chez les habitants de la contrée, donnait une grande douceur à sa physionomie. Toute sa personne enfin reflétait je ne sais quoi d’angélique qui faisait qu’on ne pouvait le voir et l’approcher sans l’aimer.

Est-ce à dire que tout fut parfait dans cette nature si bien douée ? On ne nous croirait pas si nous l’affirmions ; y a-t-il rien de parfait sous le soleil ? Le