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VIE DU BIENHEUREUX

Mais la distance était grande, et assez souvent infranchissable en temps de pluie ou de neige. On comprend quels résultats pouvaient avoir des leçons si souvent interrompues. Au retour du printemps, Pierre reprenait la garde du troupeau paternel, et oubliait bien vite le peu qu’il avait appris à l’école.

Il avait à peine huit ans, quand il se confessa pour la première fois. Avant de se présenter au prêtre, il fit le mieux qu’il put son examen de conscience. Craignant encore d’omettre quelques fautes : « Voila, dit-il ingénument a sa mère, tout ce que j’ai pu trouver ; aidez-moi, je vous prie : vous savez mieux que moi ce que j’ai fait. » Au sortir du saint tribunal, il alla s’agenouiller un instant au pied de l’autel de la Sainte Vierge ; et lorsqu’il fut de retour a la maison, il ne put s’empêcher de manifester sa joie de la manière la plus naïve : on eut dit un grand coupable qui venait de rentrer en grâce devant Dieu et devant les hommes.

L’année suivante, à l’entrée de l’hiver, Pierre Chanel retourna à l’école de Saint-Didier, où le travail ne fut pas mieux suivi que l’année précédente. Personne ne pouvait y suppléer à la Potière, de sorte que son instruction ne faisait aucun progrès. Ses parents, au reste, ne songeaient pas a faire de leur fils autre chose qu’un agriculteur. Mais la Providence avait des vues sur cet enfant ; elle ne tarda guère à faire naitre l’occasion propice et à mettre en présence les personnages qui devaient les réaliser.

« Le jeune Chanel, dit M. l’abbé Bernard, son futur condisciple et ami, dont nous emprunterons