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PIERRE-LOUIS-MARIE CHANEL
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souvent le témoignage, était une plante précieuse, semée par Dieu dans un lieu solitaire et gardée par les anges à l’abri de tout danger. Elle poussait tout naturellement et se faisait remarquer par sa belle venue. Mais pour devenir ce que nous savons, il fallait un habile jardinier qui la transplantât dans son parterre et lui donnât tous ses soins. Ce jardinier, nous aliens le faire connaitre.

Non loin de la Potière et de Cuet se trouve la paroisse de Cras. Cette paroisse, comme tant d’autres éloignées de la métropole de l’immense diocèse de Lyon, à cause de la rareté des prêtres, était restée sans pasteur depuis la Révolution. L’année 1811 fit cesser son veuvage et elle reçut comme desservant M. l’abbé Trompier. Les habitants de Cras eurent lieu de s’applaudir du choix de l’administration archiépiscopale.

« L’abbé Trompier était un de ces hommes de mérite en qui un jugement droit s’unit à un savoir réel, et dont les généreuses qualités de cœur se cachent sous la simplicité des manières. À l’exemple de Jésus-Christ, il avait pour les enfants un amour paternel. Les accueillir avec bonté, les bénir, les instruire de leurs devoirs, appeler sur eux la vigilance chrétienne de leurs mères, épier même l’éveil de leur raison pour jeter dans ces âmes encore pures les premières semences de la foi et de la piété, tel était l’objet spécial de son zèle et l’une de ses plus douces jouissances. On eut dis qu’il voyait sur le front de chaque enfant un rayon de beauté divine qui lui rappelait cette parole du Sauveur : « Ce que vous aurez fait aux plus petits de mes frères que voici, c’est à moi-même que vous l’au-