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VIE DU BIENHEUREUX

rez fait[1]. Outre deux écoles qu’il avait fondées dans le village, l’une pour les garçons et l’autre pour les filles, il avait agrandi son presbytère afin d’y recevoir quelques élèves et de les initier aux études latines. Encourage par l’espoir de les voir un jour monter au saint autel, il ne reculait devant aucune peine, aucun sacrifice ; et celui qui refusait une chaire de théologie[2], s’estimait heureux d’enseigner de jeunes écoliers et de les préparer de loin au sacerdoce. Les prêtres qui lui sont redevables de leur première éducation ecclésiastique ont tous conserve pour lui la plus haute estime et la plus affectueuse reconnaissance[3].

Vers la fin de 1812, ce saint prêtre rencontra le jeune berger gardant son troupeau. — « Comment l’appelles-tu ? — Pierre Chanel. — Quel est ton âge ? — Neuf ans et demi. — Où vas-tu à l’école ? — À Saint-Didier. — Que sais-tu ? — Pas grand’chose. » M. Trompier causa un moment avec le jeune berger et fut charmé de ses manières aimables et de la candeur de sa figure ; à son retour, rencontrant Jeanne-Marie Chanel, il lui dit : « J’ai vu ton cousin Pierre ; il est bien gentil. »

Le curé de Cras retrouva plusieurs fois le jeune berger et chaque fois il fut frappé de ses heureuses dispositions.

  1. « Quandiu fecistis uni ex his fratribus meis minimis, mihi fecistis. » (Matth., xxv, 40.)
  2. En 1823, Monseigneur Alexandre-Raymond Devie, évêque de Belley, offrit a M. Trompier la chaire de morale dans son grand séminaire de Brou.
  3. R. P. Bourdin, Vie du V. P. Chanel, ch. iii, p. 18.