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PIERRE-LOUIS-MARIE CHANEL

Et en effet, on pouvait dire de Pierre ce que l’Évangéliste dit du Sauveur : « L’enfant croissait en âge et en sagesse devant Dieu et devant les hommes. » On était alors en 1814.

Peu de temps après, raconte Jeanne-Marie, M. le Curé rencontra de nouveau mon cousin et lui dit : « Eh bien ! Pierre, te voila grand, voudrais-tu venir à Cras ? — Oh ! oui, Monsieur le Curé. C’est tout mon désir. » Et dans son regard se peignait l’expression du bonheur. M. Trompier, poursuivant son chemin, entra à la Potière, mais il ne trouva que la mère qui accepta volontiers la proposition. Le père à son retour donna aussi son consentement.

Dès que l’heure de reconduire son troupeau fut venue, mon cousin courut raconter à sa mère ce que M. le Curé lui avait dit. Celle-ci l’interrompit : « Pierre, sois tranquille : tout est arrangé. »

III

En vertu de cet arrangement, Pierre vint passer l’hiver de 1814 à Cras, fréquentant l’école du village et recevant les encouragements de M. le Curé. Pendant l’été de 1816, il reprit la garde du troupeau de son père et se montra si studieux que ses parents se demandaient : « Qu’a donc notre petit Pierre ? Depuis qu’il est allé à Cras, il veut toujours avoir ses livres. »

À l’approche de l’hiver suivant, il revins tout joyeux à Cras, pour commencer enfin ses études classiques sous la direction de M. le Curé. Mais sa joie fut bien-