Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/177

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Depuis son importation en Europe, la syphilis a beaucoup changé. Elle déroule ses symptômes moins vite, occasionne moins de lésions mutilantes de la face, des muqueuses, donne de moins belles éruptions ; par contre, elle détermine plus souvent à longue échéance des lésions nerveuses très graves (paralysie générale, ataxie). On attribue ce changement à l’action du mercure qui ne modifie pas seulement la maladie chez l’individu, mais agit aussi sur le microbe. Un européen qui s’infecte dans un pays où la population indigène se soigne mal prend souvent une syphilis mutilante, plus voisine de la syphilis de la Renaissance, voisine de celle que présentent les indigènes eux-mêmes. Déjà, depuis qu’on utilise, pour le traitement de la syphilis, les dérivés de l’arsenic et du bismuth, on a noté des modifications de virulence du tréponème. Lorsque le traitement ne donne pas la guérison radicale, il serait difficile de dire si son action a été favorable. Il vaut mieux porter toute sa vie des cicatrices disgracieuses qu’être atteint un jour d’ataxie ou de paralysie générale.

C’est un fait indiscutable d’observation que le typhus exanthématique, lorsqu’il sévit de façon endémique dans un pays, y est moins grave